En t'offrant Les Rêveries du promeneur solitaire, je pensais te donner l'envie d'être fort solidaire. Je voulais, au fond, que ton âme se complète dans sa quête, qu'elle ternisse les desseins des uns et contemple les destins des autres, que ton monde intérieur et le monde d'autrui soient en collision, car de là naît l'échange, et de l'échange naît la beauté éphémère et distincte de ce que certains appellent l'Âme du Monde. Et que tu appelles Allah, Seigneur.

Je voulais te dire sans détour ce que je pensais, te poser ces questions qui me brûlent les lèvres depuis une éternité mais je sais, au fond, que je ne serai jamais prête à accepter la réalité tels que vous. Je dis vous, ne te méprends pas, je dis vous pour désigner les autres car je sais, toi et moi sommes un, toi et moi sommes Un. Pas besoin de mots, de signes, de jeux de regards, de sens, de façonner l'avenir. Pas besoin de tout ça.

J'ai aimé, longtemps, j'ai cru aimer, mais je réalise ô combien les muses sont trompeuses et m'attirent vers les abysses.

J'ai cru, je croyais, je pensais pouvoir contempler l'être dans la dégradation de mon être, mon moi si longtemps seule et déchiquetée par les obus de leur esprit, mais en vain trouvais-je la sortie de cette souffrance, de ce vide dans les cotes des livres. De mes livres sont nées torpeurs et de mes torpeurs naîtront ces mots destinés à ton cœur.

Ton cœur, je le conçois, est meurtri, le mien l'est également. Alors un jour, peut-être, nos cœurs se contempleront sans une once de charnelle, sans même une simple convalescence littéraire. Car oui, les mots ont leurs impact, les lettres s'assemblent et me délaissent au profit de tes yeux.

Et tes mots et ta beauté.

Et tes mots et ta beauté.

Je ne peux les décrire assez, mes lettres ne suffiront pas à capturer l'image de cette alchimie. Alors laisse moi apprendre à t'aimer, car je n'ai su aimer, alors laisse moi te donner ce qu'on m'a volé, ces instants de vie meurtrières, ces tourbillons de couleurs téméraires, ces barques transportant l'éther sur leur reflet dans l'eau, toujours éphémère, toujours au loin, l'éther, toujours nôtre et nous, kurdement vôtre.

- De la femme en devenir, celle qui aimer l'amour plus que la mort.

PS : L'homme est parti, il ne cessera d'exister dans mes souvenirs, je le ferai vivre en moi et quand Dieu décidera que ça sera mon temps, je l'emporterai avec moi. Il restera des mirages, ces lettres, son sourire et son odeur dans mes vêtements pour quelque temps.